CORDAY (Charlotte). Manuscrit autographe... - Lot 41 - Osenat

Lot 41
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CORDAY (Charlotte). Manuscrit autographe... - Lot 41 - Osenat
CORDAY (Charlotte). Manuscrit autographe intitulé « Adresse aux Français amis des loix et de la paix ». 3 pp. in-4 sur un bifeuillet de papier vergé azuré monté sur onglet sur un feuillet de papier fort in-folio ; quelques piqûres d'épingle ; apostilles de l'époque. Rarissime document historique écrit de sa main, le seul conservé aujourd'hui avec quelques lettres LE MANUSCRIT QUI FUT TROUVE SUR ELLE LORS DE LA FOUILLE QU'ELLE SUBIT A SON ARRIVEE A LA PRISON DE L'ABBAYE. « Jusqu'à quand, ô malheureux Français, vous plairés-vous dans le trouble et les divisions [?] Assés et trop longtems des factieux, des scélérats ont mis l'intérest de leur ambition à la place de l'intérest général..., pourquoi, ô infortuné[e]s victimes de leur fureur, pourquoi vous égorger, vous anéantir vous-même[s] pour établir l'édifice de leur tyranie sur les ruines de la France désolée. LES FACTIONS ECLATENT DE TOUTES PARTS, LA M[ON]TAGNE TRIOMPHE PAR LE CRIME ET PAR L'OPPRESSION, quelques monstres, abreuvés de notre sang conduisent [c]es détestables complots, et nous mènent au précipice par mille chemins divers, aveuglés par leurs assignats et plus encore par leurs insinuations perfides. Nous travaillons à notre perte avec plus de zèle et d'énergie que l'on ne nous en vit jamais pour conquérir la liberté ; ô Français, encore un peu de tems, et il ne restera de vous que le souvenir de votre existance passée. DEJA LES DEPARTEMENTS INDIGNES MARCHENT SUR PARIS [plusieurs insurrections girondines avaient éclaté en province, notamment à Caen où Charlotte Corday avait vécu], déjà le feu de la discorde et de la guerre civile embrase la moitié de ce vaste empire ; il est encore un moyen de l'éteindre, mais ce moyen, pour être efficace, doit être prompt ; déjà le plus vil des scélérats, Marat, dont le nom seul présente l'image de tous les crimes, en tombant sous le fer vangeur, ébranle la Montagne et fait pâlir Danton, Robespierre et autres brigands assis sur ce thrône sanglant, environné de la foudre que les dieux vangeurs de l'humanité ne suspendent sans doute que pour rendre leur chute plus éclatante, et pour effrayer à jamais tous ceux qui tenteraient d'établir leur fortune sur les ruines des peuples abusés. FRANÇAIS, VOUS CONNAISSES VOS ENNEMIS, LEVES-VOUS, MARCHES, QUE LA MONTAGNE ANEANTIE NE LAISSE PLUS QUE DES FRERES, DES AMIS ; j'ignore si le ciel vous réserve un Gouvernement républicain, mais il ne peut nous donner un Montagnard pour maître que dans l'excès de ses vangeances. Ô FRANCE, TON REPOS DEPEND DE L'EXECUTION DE LA LOI, JE N'Y PORTE POINT ATTEINTE EN TUANT MARAT, CONDAMNE PAR L'UNIVERS, IL EST HORS LA LOI ; quel tribunal me jugera ? Si je suis coupable, Alcide [autre nom d'Héraclès] l'était donc lorsqu'il détruisait les monstres, mais en rencontra-t-il de si odieux [?] O AMIS DE L'HUMANITE, VOUS NE REGRETTERES POINT UNE BETE FEROCE ENGRAISSE[E] DE VOTRE SANG, et vous tristes aristocrates que la Révolution n'a pas assés ménagés, vous ne le regretterés pas non plus, vous n'avez rien de commun avec lui. Ô ma Patrie, tes infortunes déchirent mon cœur, je ne puis t'offrir que ma vie, et je rends grâce au Ciel de la liberté que j'ai d'en disposer. Personne ne perdra par ma mort, je n'imiterai point Pâris en me tuant [Philippe-Nicolas-Marie de Pâris qui, pour venger l'exécution de Louis XVI, avait assassiné le conventionnel régicide Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, et s'était suicidé peu de jours après pour échapper à une arrestation certaine], je veux que mon dernier soupir soit utile à mes concitoyens – que ma tête, portée dans Paris, soit un signe de ralliement pour tous les amis des loix, que la Montagne chancelante voye sa perte écrite avec mon sang, que je sois leur dernière victime et que l'univers vangé déclare que j'ai bien mérité de l'humanité ; au reste, si l'on voyait ma conduite d'un autre œil, je m'en inquiette peu. "Qu'à l'univers surpris, cette grande action Soit un objet d'horreur ou d'admiration, Mon esprit peu jaloux de vivre en la mémoire, Ne considère point le reproche ou la gloire, Toujours indépendant et toujours citoyen, Mon devoir me suffit, tout le reste n'est rien. Allés, ne songés plus qu'à sortir d'esclavage." [citation de la tirade de Brutus dans la scène 2 de l'acte III de la tragédie de VOLTAIRE La Mort de César] Mes parents et amis ne doivent point être inquiettés, personne ne savait mes projets. Je joins mon extrait de baptême à cette adresse pour montrer ce que peut la plus faible main conduite par un entier dévouement. Si je ne réussis point dans mon entreprise, Français, je vous ai montré le chemin, vous connaissés vos ennemis, levés vous, marchés et frappés. » Ce lot est vendu sous réserve d'obtention d'une décision définitive concernant le statut du manuscrit. En attendant ce document reste sous séquestre dans les coffres de notre étude.
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