Lot n° 143
350 000 - 550 000 €
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: 431 320 €
BUGATTI TYPE 57 Châssis 57761 moteur 552...
BUGATTI TYPE 57
Châssis 57761 moteur 552
Berline Galibier 1939
Caisse numéro 24
Au Salon d’octobre 1938, Bugatti présente une nouvelle berline type 57
Galibier.
Elle renoue avec la tradition de ce modèle, le premier de la gamme
57 dévoilé au Salon d’octobre 1933, sous la forme d’une berline sans
montant central puis abandonné courant 1936, au profit de berlines
construites chez Gangloff à Colmar.
Le nouveau dessin de la berline 4-5 places, type 57 et 57C modèle 1939,
est dévoilé au Grand Palais le 6 octobre 1938. Les roues sont au choix
chromées ou flasquées. Les phares avant sont selon le gout du client,
intégrés dans les ailes comme la voiture exposée au salon d’octobre 1939
à Paris, ou extérieurs et chromés comme celle du salon de Berlin en mars
1939. Le client conserve le choix d’une berline suralimentée ou sans
compresseur, et le châssis est étudié pour recevoir cette option.
Le prix au tarif client du 15 octobre 1938 pour la « Berline Galibier type
57 Tourisme 4-5 places » est de 116.000 ff et en version « 57C Grand
Tourisme » de 136.000 ff.
L’atelier de fabrication de la carrosserie Bugatti assemble entre octobre
1938 et juillet 1939, 27 caisses de berlines, toutes numérotées. Le rythme
de fabrication des berlines est de 2 à 5 caisses par mois.
Trois caisses sont produites en octobre 1938 : châssis 57700 /513,
57709/512 et 57711/514.
Une berline 57C châssis 57796/58C, voiture de démonstration, est
assemblée en novembre.
En 1939, 24 autres berlines Galibier seront construites avant la
déclaration de guerre qui met un point final à l’activité de l’atelier de
carrosserie de l’usine.
Le programme de fabrication des berlines Galibier était ambitieux
et hormis un seul Coach Ventoux carrossé tout début janvier et une
Atalante préparée pour le Salon de New York fin février 1939, toutes
les autres Bugatti carrossées en 1939 par l’Usine de Molsheim sont des
Berlines Galibier.
La berline Galibier 1939, caisse N o 24.
Le châssis 57761 /moteur 552 est assemblé courant mai 1939, avec
les châssis type 57 moteurs 553-554 et 555. La berline 57761 sort de
carrosserie le 13 juin 1939, elle est de « couleur noire, cuir Havane ». Elle
est la seconde et dernière berline assemblée en juin 1939. Elle porte le
numéro de caisse 24.
En juillet 1939 seront assemblées les 3 dernières caisses Galibier :
châssis 57771/555, 57772/553 et 57837/104C, portant le total des caisses
construites à 27 unités.
Le concessionnaire de Nantes, Henri Matile, dont le magasin d’exposition
était au 20 rue Racine, a réservé le véhicule pour un de ses fidèles clients.
La Bugatti est commandée « le 10 mai 1939, N o d’ordre 2002. Pour Matile
- client Bottineau - voiture moteur 552 ». La voiture est livrée à Nantes
le 14 juin 1939. Elle est facturée à l’agent Bugatti 90.453 ff. Le prix payé
par le client doit être d’environ 120.000 ff, sauf reprise, la marge agent
étant de 30.000 ff. Le 20 du mois, la Bugatti est immatriculée sous le
numéro 3527 JH 5, au nom de Paul BOTTINEAU, domicilié 8 passage
du Sanitat à Nantes.
Paul Bottineau (1891-1954).
Cet industriel, ingénieur E.P.E.I, spécialisé dans la fabrication de
tubes de fer et acier, et la robinetterie, est un bon client de Bugatti. Il
commercialise également les moteurs industriels et agricoles Aster. Fils
unique, il reprend la société dirigée par son père Paul Bottineau et son
oncle Gustave Bottineau. P.Bottineau est passionné par les belles voitures
et les bateaux. A son décès il avait un nouveau bateau en construction. Il
possédait une villa au Croisic. Il a déjà acheté neuve en 1933, une berline
Gangloff type 49, revendue en mai 1935 pour une des dernières 5 litres
type 46.
Le 30 décembre 1957, la Berline est revendue dans le Lot.
Son nouveau propriétaire l’enregistre sous la plaque 805 AY 46.
Six ans plus tard, la Bugatti est redécouverte par un jeune passionné
de Bugatti de vingt et un ans, fils d’un médecin de Bergerac. François
CHEVALIER, né en 1942, originaire de Lyon, a déjà chassé les Bugatti
avant d’avoir l’âge légal du permis. Fils d’un médecin de campagne, il
entre à la faculté de lettres de Bordeaux en section propédeutique
grec, latin et allemand dont il est le seul élève. Dans une rue proche de
la faculté, il découvre la Galibier, note la plaque de Police, se procure le
nom du propriétaire et oublie… Avant d’y repenser deux ans plus tard et
d’indiquer la voiture à Antoine Raffaelli.
Le chasseur Raffaelli retrouve le propriétaire dans un petit village du Lot.
C’est un corse, ancien parachutiste de l’armée, un certain CATTA,
devenu guérisseur, habitant en pleine campagne, et dont le grand plaisir
reste l’entrainement militaire et le saut. Après avoir eu droit à plusieurs
démonstrations commando, notre bugattiste repart avec sa belle prise
qu’il destine à son ami Chevalier. A. Raffaelli se souvient de cette Galibier
noire qui fut échangée à l’ancien militaire contre la Dauphine 1093
blanche à moteur Ferry que François Chevalier possédait depuis peu. La
transaction eut lieu courant 1963.
F .Chevalier se rendit à Aubagne chez A. Raffaelli pour prendre livraison
de sa nouvelle acquisition.
Par une belle journée d’été 1963 la voiture fut ramenée en Dordogne.
La pression d’huile ne dépassait pas les 500 gr, mais il n’était pas question
de rouler fort et il était prévu de tout réviser dès que possible.
La carte grise au nom de « François Chevalier, étudiant à Bergerac »
porte le numéro 428 FY 24 en date du 25 juin 1963.
F. Chevalier avait déjà possédé un type 57 et en cherchait une autre, il
est très content de sa nouvelle Bugatti qu’il va améliorer et faire réviser.
La pipe d’admission avait été modifiée avec un carburateur Zenith peu
performant. F.Chevalier commande à l’usine de Molsheim une pipe de
type 101 avec carburateur Weber inversé. Il achète également un jeu de
pistons de type 57S.
Pendant les grandes vacances de l’été 1963, le moteur est déposé. Il
part en révision chez Georges Dubos à Vélines en Dordogne qui avait un
atelier de rectification et était un grand amateur de Bugatti dont il eut
plusieurs modèles.
Lors de sa découverte dans le Lot, la berline Galibier avait les
optiques avant, chromées, posées sur les ailes. Sur une idée de Bruno
Lafourcade, qui est partie prenante dans l’achat de la 57, deux phares de
Volkswagen sont intégrés dans les ailes avant, mais le résultat ne satisfait
pas nos amateurs qui refixent les phares sur les ailes. F .Chevalier change
le tableau de bord de type 57 à deux gros compteurs, pour un modèle
57C, plus sportif avec les deux compteurs entourant quatre jauges.
Les moquettes de sol sont réalisées avec carrés de cuir, percés au niveau
des pédales, par la mère de F.Chevalier. La garniture du toit est changée.
Deux bouchons de remplissage d’essence de Talbot viennent remplacer
les bouchons Bugatti. La roue de secours dans l’aile avant gauche est
enlevée.
La peinture, en bon état, sera seulement lustrée.
L’embrayage broutait, et le jour de l’an 1965, F.Chevalier et B .Lafourcade
passent la nuit du réveillon à essayer des disques d’embrayage
d’épaisseurcroissante, avant de trouver au quatrième essai, le bon
réglage. Avec l’entrainement, l’opération prenait 50 minutes !
La voiture ne trouvera pas facilement un client, bien que parfaitement
restaurée et réglée.
Le Dr Boissier de Saint Jean du Gard, se montre intéressé, mais la voiture
doit lui être livrée par la route et payée à l’arrivée.
Pour être certain que l’auto fera bien le trajet, le praticien envoie ses deux
enfants, Frédéric et Nicolas, qui devront faire le retour dans la Galibier,
conduite par F.Chevalier.
La 404 injection de B.Lafourcade suit et sera le taxi du retour. Les
performances de la Bugatti se montrent au niveau de celles de la
moderne Peugeot. François Chevalier et son ami Lafourcade vont livrer
l’auto dans la neige, un jour d’hiver 1964-1965 de Périgueux à Saint
Jean du Gard, après être passés à Montpellier chez le « Gourou », le
mécanicien Petit, spécialiste régional des Bugatti, qui donne à l’équipage
sa bénédiction. A près de 5000 tours minute en quatrième, la Berline
aluminium monte à 165 km/h, elle est assez légère mais mange avec
appétit son train de pneus.
La balance accuse à peine 1700Kg, soit près de 180 kg de moins qu’une
berline Galibier de 1934 à la boiserie abondante et en tôle.
Avec l’argent de la vente F.Chevalier se procure une Lotus 22 pour courir
sur circuit, avec quelques déconvenues, l’auto n’étant pas en état.
La Bugatti sera immatriculée seulement le 6 juillet 1967 sous le numéro
743 LT 30 au nom du Dr Etienne BOISSIER de Saint Jean du Gard.
Etienne Boissier (1915-1985) est un médecin généraliste originaire de
Saint Quentin la Poterie et installé à Saint Jean du Gard avec son épouse
Elisabeth également praticienne, et leurs cinq enfants.
Le nouveau propriétaire décide de remettre la roue de secours dans l’aile
et d’intégrer à nouveau les phares avant dans les ailes, en installant des
optiques du style Matford.
La voiture sera mise en exposition au musée automobile d’Orgon
appartenant à Pierre Dellière.
Le 3 août 1974, Jean Badré et Frédéric Boissier vont chercher la voiture
au musée pour l’amener en révision chez Henri Novo. Mais le voyage
sera émaillé de péripéties car l’essence n’arrivant pas au carburateur, il
faudra le concours de plusieurs quincailliers locaux pour adapter ,d’abord
un tuyau de gaz puis un conduit de 6 mètres en cuivre, fixé sur le toit
pour acheminer l’essence au carburateur !
Le moteur mal callé, nécessite vraiment une mise au point chez le
spécialiste Bugatti.
La Galibier en sortira quelques mois plus tard, et sera remisée chez
Jean Badré à Mareil-Marly avant que l’un de ses voisins de rue, Patrick
POLACK, promoteur, marié à une fille du village, ne se porte acquéreur
du véhicule.
Le Docteur Boissier ayant un projet de Bugatti de course, il a dû se
résoudre à se séparer de sa berline type 57.
La Bugatti est immatriculée au nom de P.Polack le 4 décembre 1979 sous
le numéro 5855 ND 78.
Moins de deux ans plus tard, le véhicule est vendu en Belgique, le 7
mai 1981, à Mme Véronique SAMAIN de Courtrai. Le vente se fit par
l’intermédiaire du garage SAURET de Saint Germain en Laye.
La Bugatti reçoit la plaque belge EBS 512. Elle rejoint bientôt les
garages du Chevalier Adrien de GHELLINCK d’ELSEGHEM à Ostende.
Repeinte en crème et noire, et à nouveau équipée de phares chromés au-
dessus des ailes, la voiture participe au Centenaire Bugatti en Alsace en
septembre 1981, sous le numéro de rallye 148.
Elle sera acquise aux enchères à Monaco par Pierre FEIDT en 1986, et
immatriculée 131 VD 67 le 28 novembre 1986 à Molsheim. Elle réside
depuis lors, dans sa propriété qui jouxte les usines Bugatti.
La Berline Galibier aujourd’hui :
L’inspection de la voiture dans son écurie alsacienne nous révèle un
véhicule bien d’origine. Sur le tablier est fixée sa plaque de châssis portant
les numéros 57761-19cv. Le moteur porte sur la patte arrière gauche du
carter, les numéros 57761 et 552, bien gravés dans le style de l’Usine. Sur
plusieurs pièces du moteur est gravé le numéro d’assemblage qui est 421.
La pipe d’admission est du dernier modèle, Type 101, avec carburateur
Weber vertical. Le pont arrière porte également le numéro 552. Rapport
11X46. Le cadre de châssis est numéroté 412, dans la série attendue. Il
est du modèle à freins hydrauliques et équipé de quatre amortisseurs
télescopiques.
Concernant la carrosserie, Il s’agit d’une caisse entièrement en
aluminium, construite dans les ateliers de la carrosserie Bugatti à
Molsheim en juin 1939. Le numéro de caisse « 24 » apparait sur certaines
pièces en aluminium du capot, mais aussi dans le coffre sur les trois
panneaux formant plancher ainsi que sur une petite plaque losangique
rivetée sur un montant de ferrure.
L’intérieur laisse admirer des sièges au cuir patiné ainsi que des
moquettes de sol de belle facture.
Le tableau de bord, garni de cuir montre deux grands compteurs : vitesse
et tours moteurs, entourant les quatre petits indicateurs. Il est du modèle
57C, et fut réalisé par F .Chevalier en 1963.
A l’origine la voiture possédait, comme toutes les berlines Galibier 1939,
une roue de secours tôlée dans l’aile avant gauche, celle-ci fut enlevée
puis remise deux fois avant de disparaitre.
Le profilage actuel des phares avant est dans le style des Atalante de la
dernière série.
Ainsi, la Berline Galibier 1939 proposée à la vente aujourd’hui représente
l’ultime évolution des Bugatti de tourisme produites par la carrosserie de
l’usine de Molsheim.
La Berline Grand Tourisme type 64 qui devait lui succéder ne sera jamais
mise en production.
Toute activité sera stoppée par la mort de Jean Bugatti le 11 août 1939,
et la déclaration de guerre un mois plus tard. Sur les 27 Berlines Galibier
modèle 1939 produites, 11 furent du modèle « 57C Grand Tourisme » à
compresseur.
Il reste actuellement en collection environ 12 voitures seulement, dont
plusieurs n’ont plus leur moteur d’origine. La Berline 57761 est légère et
performante, son moteur 57 non suralimenté est plus fiable que le 57C.
Dans sa livrée bleue nuit, elle peut prétendre aussi bien à sa vocation de
grande routière qu’à celle de gagnante de concours d’élégance.
Pierre-Yves LAUGIER
Châssis 57761 moteur 552
Berline Galibier 1939
Caisse numéro 24
Au Salon d’octobre 1938, Bugatti présente une nouvelle berline type 57
Galibier.
Elle renoue avec la tradition de ce modèle, le premier de la gamme
57 dévoilé au Salon d’octobre 1933, sous la forme d’une berline sans
montant central puis abandonné courant 1936, au profit de berlines
construites chez Gangloff à Colmar.
Le nouveau dessin de la berline 4-5 places, type 57 et 57C modèle 1939,
est dévoilé au Grand Palais le 6 octobre 1938. Les roues sont au choix
chromées ou flasquées. Les phares avant sont selon le gout du client,
intégrés dans les ailes comme la voiture exposée au salon d’octobre 1939
à Paris, ou extérieurs et chromés comme celle du salon de Berlin en mars
1939. Le client conserve le choix d’une berline suralimentée ou sans
compresseur, et le châssis est étudié pour recevoir cette option.
Le prix au tarif client du 15 octobre 1938 pour la « Berline Galibier type
57 Tourisme 4-5 places » est de 116.000 ff et en version « 57C Grand
Tourisme » de 136.000 ff.
L’atelier de fabrication de la carrosserie Bugatti assemble entre octobre
1938 et juillet 1939, 27 caisses de berlines, toutes numérotées. Le rythme
de fabrication des berlines est de 2 à 5 caisses par mois.
Trois caisses sont produites en octobre 1938 : châssis 57700 /513,
57709/512 et 57711/514.
Une berline 57C châssis 57796/58C, voiture de démonstration, est
assemblée en novembre.
En 1939, 24 autres berlines Galibier seront construites avant la
déclaration de guerre qui met un point final à l’activité de l’atelier de
carrosserie de l’usine.
Le programme de fabrication des berlines Galibier était ambitieux
et hormis un seul Coach Ventoux carrossé tout début janvier et une
Atalante préparée pour le Salon de New York fin février 1939, toutes
les autres Bugatti carrossées en 1939 par l’Usine de Molsheim sont des
Berlines Galibier.
La berline Galibier 1939, caisse N o 24.
Le châssis 57761 /moteur 552 est assemblé courant mai 1939, avec
les châssis type 57 moteurs 553-554 et 555. La berline 57761 sort de
carrosserie le 13 juin 1939, elle est de « couleur noire, cuir Havane ». Elle
est la seconde et dernière berline assemblée en juin 1939. Elle porte le
numéro de caisse 24.
En juillet 1939 seront assemblées les 3 dernières caisses Galibier :
châssis 57771/555, 57772/553 et 57837/104C, portant le total des caisses
construites à 27 unités.
Le concessionnaire de Nantes, Henri Matile, dont le magasin d’exposition
était au 20 rue Racine, a réservé le véhicule pour un de ses fidèles clients.
La Bugatti est commandée « le 10 mai 1939, N o d’ordre 2002. Pour Matile
- client Bottineau - voiture moteur 552 ». La voiture est livrée à Nantes
le 14 juin 1939. Elle est facturée à l’agent Bugatti 90.453 ff. Le prix payé
par le client doit être d’environ 120.000 ff, sauf reprise, la marge agent
étant de 30.000 ff. Le 20 du mois, la Bugatti est immatriculée sous le
numéro 3527 JH 5, au nom de Paul BOTTINEAU, domicilié 8 passage
du Sanitat à Nantes.
Paul Bottineau (1891-1954).
Cet industriel, ingénieur E.P.E.I, spécialisé dans la fabrication de
tubes de fer et acier, et la robinetterie, est un bon client de Bugatti. Il
commercialise également les moteurs industriels et agricoles Aster. Fils
unique, il reprend la société dirigée par son père Paul Bottineau et son
oncle Gustave Bottineau. P.Bottineau est passionné par les belles voitures
et les bateaux. A son décès il avait un nouveau bateau en construction. Il
possédait une villa au Croisic. Il a déjà acheté neuve en 1933, une berline
Gangloff type 49, revendue en mai 1935 pour une des dernières 5 litres
type 46.
Le 30 décembre 1957, la Berline est revendue dans le Lot.
Son nouveau propriétaire l’enregistre sous la plaque 805 AY 46.
Six ans plus tard, la Bugatti est redécouverte par un jeune passionné
de Bugatti de vingt et un ans, fils d’un médecin de Bergerac. François
CHEVALIER, né en 1942, originaire de Lyon, a déjà chassé les Bugatti
avant d’avoir l’âge légal du permis. Fils d’un médecin de campagne, il
entre à la faculté de lettres de Bordeaux en section propédeutique
grec, latin et allemand dont il est le seul élève. Dans une rue proche de
la faculté, il découvre la Galibier, note la plaque de Police, se procure le
nom du propriétaire et oublie… Avant d’y repenser deux ans plus tard et
d’indiquer la voiture à Antoine Raffaelli.
Le chasseur Raffaelli retrouve le propriétaire dans un petit village du Lot.
C’est un corse, ancien parachutiste de l’armée, un certain CATTA,
devenu guérisseur, habitant en pleine campagne, et dont le grand plaisir
reste l’entrainement militaire et le saut. Après avoir eu droit à plusieurs
démonstrations commando, notre bugattiste repart avec sa belle prise
qu’il destine à son ami Chevalier. A. Raffaelli se souvient de cette Galibier
noire qui fut échangée à l’ancien militaire contre la Dauphine 1093
blanche à moteur Ferry que François Chevalier possédait depuis peu. La
transaction eut lieu courant 1963.
F .Chevalier se rendit à Aubagne chez A. Raffaelli pour prendre livraison
de sa nouvelle acquisition.
Par une belle journée d’été 1963 la voiture fut ramenée en Dordogne.
La pression d’huile ne dépassait pas les 500 gr, mais il n’était pas question
de rouler fort et il était prévu de tout réviser dès que possible.
La carte grise au nom de « François Chevalier, étudiant à Bergerac »
porte le numéro 428 FY 24 en date du 25 juin 1963.
F. Chevalier avait déjà possédé un type 57 et en cherchait une autre, il
est très content de sa nouvelle Bugatti qu’il va améliorer et faire réviser.
La pipe d’admission avait été modifiée avec un carburateur Zenith peu
performant. F.Chevalier commande à l’usine de Molsheim une pipe de
type 101 avec carburateur Weber inversé. Il achète également un jeu de
pistons de type 57S.
Pendant les grandes vacances de l’été 1963, le moteur est déposé. Il
part en révision chez Georges Dubos à Vélines en Dordogne qui avait un
atelier de rectification et était un grand amateur de Bugatti dont il eut
plusieurs modèles.
Lors de sa découverte dans le Lot, la berline Galibier avait les
optiques avant, chromées, posées sur les ailes. Sur une idée de Bruno
Lafourcade, qui est partie prenante dans l’achat de la 57, deux phares de
Volkswagen sont intégrés dans les ailes avant, mais le résultat ne satisfait
pas nos amateurs qui refixent les phares sur les ailes. F .Chevalier change
le tableau de bord de type 57 à deux gros compteurs, pour un modèle
57C, plus sportif avec les deux compteurs entourant quatre jauges.
Les moquettes de sol sont réalisées avec carrés de cuir, percés au niveau
des pédales, par la mère de F.Chevalier. La garniture du toit est changée.
Deux bouchons de remplissage d’essence de Talbot viennent remplacer
les bouchons Bugatti. La roue de secours dans l’aile avant gauche est
enlevée.
La peinture, en bon état, sera seulement lustrée.
L’embrayage broutait, et le jour de l’an 1965, F.Chevalier et B .Lafourcade
passent la nuit du réveillon à essayer des disques d’embrayage
d’épaisseurcroissante, avant de trouver au quatrième essai, le bon
réglage. Avec l’entrainement, l’opération prenait 50 minutes !
La voiture ne trouvera pas facilement un client, bien que parfaitement
restaurée et réglée.
Le Dr Boissier de Saint Jean du Gard, se montre intéressé, mais la voiture
doit lui être livrée par la route et payée à l’arrivée.
Pour être certain que l’auto fera bien le trajet, le praticien envoie ses deux
enfants, Frédéric et Nicolas, qui devront faire le retour dans la Galibier,
conduite par F.Chevalier.
La 404 injection de B.Lafourcade suit et sera le taxi du retour. Les
performances de la Bugatti se montrent au niveau de celles de la
moderne Peugeot. François Chevalier et son ami Lafourcade vont livrer
l’auto dans la neige, un jour d’hiver 1964-1965 de Périgueux à Saint
Jean du Gard, après être passés à Montpellier chez le « Gourou », le
mécanicien Petit, spécialiste régional des Bugatti, qui donne à l’équipage
sa bénédiction. A près de 5000 tours minute en quatrième, la Berline
aluminium monte à 165 km/h, elle est assez légère mais mange avec
appétit son train de pneus.
La balance accuse à peine 1700Kg, soit près de 180 kg de moins qu’une
berline Galibier de 1934 à la boiserie abondante et en tôle.
Avec l’argent de la vente F.Chevalier se procure une Lotus 22 pour courir
sur circuit, avec quelques déconvenues, l’auto n’étant pas en état.
La Bugatti sera immatriculée seulement le 6 juillet 1967 sous le numéro
743 LT 30 au nom du Dr Etienne BOISSIER de Saint Jean du Gard.
Etienne Boissier (1915-1985) est un médecin généraliste originaire de
Saint Quentin la Poterie et installé à Saint Jean du Gard avec son épouse
Elisabeth également praticienne, et leurs cinq enfants.
Le nouveau propriétaire décide de remettre la roue de secours dans l’aile
et d’intégrer à nouveau les phares avant dans les ailes, en installant des
optiques du style Matford.
La voiture sera mise en exposition au musée automobile d’Orgon
appartenant à Pierre Dellière.
Le 3 août 1974, Jean Badré et Frédéric Boissier vont chercher la voiture
au musée pour l’amener en révision chez Henri Novo. Mais le voyage
sera émaillé de péripéties car l’essence n’arrivant pas au carburateur, il
faudra le concours de plusieurs quincailliers locaux pour adapter ,d’abord
un tuyau de gaz puis un conduit de 6 mètres en cuivre, fixé sur le toit
pour acheminer l’essence au carburateur !
Le moteur mal callé, nécessite vraiment une mise au point chez le
spécialiste Bugatti.
La Galibier en sortira quelques mois plus tard, et sera remisée chez
Jean Badré à Mareil-Marly avant que l’un de ses voisins de rue, Patrick
POLACK, promoteur, marié à une fille du village, ne se porte acquéreur
du véhicule.
Le Docteur Boissier ayant un projet de Bugatti de course, il a dû se
résoudre à se séparer de sa berline type 57.
La Bugatti est immatriculée au nom de P.Polack le 4 décembre 1979 sous
le numéro 5855 ND 78.
Moins de deux ans plus tard, le véhicule est vendu en Belgique, le 7
mai 1981, à Mme Véronique SAMAIN de Courtrai. Le vente se fit par
l’intermédiaire du garage SAURET de Saint Germain en Laye.
La Bugatti reçoit la plaque belge EBS 512. Elle rejoint bientôt les
garages du Chevalier Adrien de GHELLINCK d’ELSEGHEM à Ostende.
Repeinte en crème et noire, et à nouveau équipée de phares chromés au-
dessus des ailes, la voiture participe au Centenaire Bugatti en Alsace en
septembre 1981, sous le numéro de rallye 148.
Elle sera acquise aux enchères à Monaco par Pierre FEIDT en 1986, et
immatriculée 131 VD 67 le 28 novembre 1986 à Molsheim. Elle réside
depuis lors, dans sa propriété qui jouxte les usines Bugatti.
La Berline Galibier aujourd’hui :
L’inspection de la voiture dans son écurie alsacienne nous révèle un
véhicule bien d’origine. Sur le tablier est fixée sa plaque de châssis portant
les numéros 57761-19cv. Le moteur porte sur la patte arrière gauche du
carter, les numéros 57761 et 552, bien gravés dans le style de l’Usine. Sur
plusieurs pièces du moteur est gravé le numéro d’assemblage qui est 421.
La pipe d’admission est du dernier modèle, Type 101, avec carburateur
Weber vertical. Le pont arrière porte également le numéro 552. Rapport
11X46. Le cadre de châssis est numéroté 412, dans la série attendue. Il
est du modèle à freins hydrauliques et équipé de quatre amortisseurs
télescopiques.
Concernant la carrosserie, Il s’agit d’une caisse entièrement en
aluminium, construite dans les ateliers de la carrosserie Bugatti à
Molsheim en juin 1939. Le numéro de caisse « 24 » apparait sur certaines
pièces en aluminium du capot, mais aussi dans le coffre sur les trois
panneaux formant plancher ainsi que sur une petite plaque losangique
rivetée sur un montant de ferrure.
L’intérieur laisse admirer des sièges au cuir patiné ainsi que des
moquettes de sol de belle facture.
Le tableau de bord, garni de cuir montre deux grands compteurs : vitesse
et tours moteurs, entourant les quatre petits indicateurs. Il est du modèle
57C, et fut réalisé par F .Chevalier en 1963.
A l’origine la voiture possédait, comme toutes les berlines Galibier 1939,
une roue de secours tôlée dans l’aile avant gauche, celle-ci fut enlevée
puis remise deux fois avant de disparaitre.
Le profilage actuel des phares avant est dans le style des Atalante de la
dernière série.
Ainsi, la Berline Galibier 1939 proposée à la vente aujourd’hui représente
l’ultime évolution des Bugatti de tourisme produites par la carrosserie de
l’usine de Molsheim.
La Berline Grand Tourisme type 64 qui devait lui succéder ne sera jamais
mise en production.
Toute activité sera stoppée par la mort de Jean Bugatti le 11 août 1939,
et la déclaration de guerre un mois plus tard. Sur les 27 Berlines Galibier
modèle 1939 produites, 11 furent du modèle « 57C Grand Tourisme » à
compresseur.
Il reste actuellement en collection environ 12 voitures seulement, dont
plusieurs n’ont plus leur moteur d’origine. La Berline 57761 est légère et
performante, son moteur 57 non suralimenté est plus fiable que le 57C.
Dans sa livrée bleue nuit, elle peut prétendre aussi bien à sa vocation de
grande routière qu’à celle de gagnante de concours d’élégance.
Pierre-Yves LAUGIER
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