HUGO (Victor). Manuscrit autographe. [Juillet 1874]. 2 pp. 1 - Lot 71

Lot 71
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HUGO (Victor). Manuscrit autographe. [Juillet 1874]. 2 pp. 1 - Lot 71
HUGO (Victor). Manuscrit autographe. [Juillet 1874]. 2 pp. 1/2 in-4, ratures, ajouts et corrections ; biffure verticale sur chaque page. SUPERBE MEDITATION SUR PETRARQUE, LA DESTINEE DES POETES, ET LES ÉTATS-UNIS D'EUROPE. Il s’agit ici du brouillon du texte envoyé par Victor Hugo le 18 juillet 1874 en réponse à l’invitation qui lui avait été faite par le conseiller général du Vaucluse à venir assister aux fêtes données à Avignon pour le cinquième centenaire de la mort de Pétrarque, les 18, 19 et 20 juillet 1874. Hugo a utilisé ce brouillon pour la rédaction finale, comme le révèlent les traits de sa main barrant les pages, mais on relève plusieurs variantes avec la version définitive qui fut imprimée dans Actes et Paroles. « PETRARQUE EST UN DES RARES EXEMPLES DU POETE PROSPERE. IL N’A ETE NI CALOMNIE, NI HUE, NI LAPIDE. Il fut compris de son vivant, privilège que n’eurent ni Homère, ni Eschyle, ni Shakespeare. Pétrarque a eu sur cette terre toutes les grandeurs [splendeurs], la salutation des papes, l’acclamation des peuples, le laurier d’or au front comme un empereur, le Capitole comme un dieu, les rues jonchées de fleurs, les pluies de fleurs sur son passage. IL NE LUI A MANQUE QUE LE MALHEUR. Je préfère à sa robe de pourpre le bâton d’Alighieri errant. Dans la gloire, Pétrarque n’est que dépassé par Dante, et le triomphe n’est dépassé que par l’exil. AVIGNON PENDANT CES TROIS JOURS MEMORABLES VA DONNER UN ILLUSTRE SPECTACLE. IL SEMBLE QUE PARIS ET ROME VONT S’Y RENCONTRER, Rome qui a sacré Pétrarque, Paris qui a jeté bas la Bastille, Rome qui couronne les poètes, Paris qui détrône les rois. Cette accolade des deux cités-mères est belle. Vos acclamations lui donneront toute sa signification. Avignon, ville pontificale et ville populaire, est une sorte de trait d’union entre les deux cités. Nous nous sentons tous bien représentés par vous, hommes de Vaucluse, dans cette fête, nationale pour deux nations. Vous êtes dignes de faire à l’Italie la salutation de la France. AINSI S’EBAUCHE LA GRANDE REPUBLIQUE FEDERALE DU CONTINENT. CES MAGNIFIQUES MELANGES DE PEUPLES COMMENCENT LES ÉTATS-UNIS D’EUROPE. IL MANQUE A PETRARQUE CET ON NE SAIT QUOI DE TRAGIQUE QUI AJOUTE A LA GRANDEUR DES POETES UNE CIME NOIRE ET QUI A TOUJOURS MARQUE LE PLUS HAUT SOMMET DU GENIE. Il lui manque l’insulte, le deuil, l’affront, la haine, la persécution. Dans la gloire, Pétrarque est dépassé par Dante, et le triomphe par l’exil. PETRARQUE EST UNE LUMIERE DANS SON TEMPS ET IL EST UNE LUMIERE PAR L’AMOUR. On pourrait presque dire un cœur subtil, mais il faut ajouter un esprit profond, car cet amant est un penseur, car ce poète est un philosophe ; en somme, c’est est une âme éclatante. Je suis heureux du souvenir que veut bien me garder cette grande démocratie du midi, qui a été de tous temps l’initiatrice du progrès, qui est comme l’avant-garde de la démocratie universelle, et à laquelle le monde pense toutes les fois qu’il entend chanter la Marseillaise... Mon honorable concitoyen, la noble et glorieuse invitation que vous voulez bien me transmettre me touche profondément. J’ai le regret/chagrin de ne pouvoir m’y rendre, étant en ce moment retenu près de mon petit fils, convalescent d’une grave maladie. Mon cher concitoyen, je regrette d’être absent du milieu de vous. J’eusse été fier de souhaiter, en votre nom à tous, la bienvenue aux nobles italiens qui viennent fêter Pétrarque dans le pays de Voltaire. De loin j’assisterai à vos solennités. Et mon âme y sera mêlée à la vôtre. » Provenance : Louis Barthou (Paris, Galerie Charpentier, 4 novembre 1935, n° 1046-27).
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