GIDE (André). Minute autographe de lettre... - Lot 141 - Osenat

Lot 141
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GIDE (André). Minute autographe de lettre... - Lot 141 - Osenat
GIDE (André). Minute autographe de lettre [A CLAUDE MAURIAC]. S.l., [11 décembre 1949, d'après une note au crayon d'une autre main]. 6 pp. 1/4 in-8. « Cher ami, COMMENT NE PAS VOUS ECRIRE AUSSITOT COMBIEN M'EMEUT VOTRE PATHETIQUE LETTRE A JACQUES RIVIERE. IL N'EST PEUT-ETRE PAS DE VOIX, AUJOURD'HUI, QUI ME PARAISSE PLUS ENTRANTE QUE LA VOTRE [passage biffé : « Ceci me gêne pourtant un peu : c'est l'inauthenticité avéré de ces "novissima verba" de Rivière, que vous citez, ou du moins Fernandez, témoin, (et même avec une certaine indignation) à leur attribuer cette interprétation mystique qu'il plaisait à la veuve abusive de leur attribuer », corrigé en marge en :] Il n'en est peut-être pas que je laisse plus volontiers entrer en moi. MAIS ELLE N'ENTRE PLUS DU TOUT, CETTE VOIX, LORSQU'ELLE S'ABRITE SOUS... LA PLUS TENDANCIEUSE INTERPRETATION PAR LA PLUS ABUSIVE DES VEUVES D'UNE PHRASE ENTRE TOUTES SUJETTE A CAUTION : "Vous, Jacques, qui avez été sauvé à la dernière seconde", avez-vous soin de dire ; et ceci, vous êtes parfaitement en droit de la supposer ; mais nullement de l'affirmer. Et je n'ai nullement le droit d'affirmer, mais bien celui de supposer le contraire. TOUT CE QUE NOUS SAVONS DE RIVIERE, DANS LES DERNIERS TEMPS DE SA VIE, SE MAINTENAIT EN VEHEMENTE REVOLTE CONTRE CLAUDEL ET SON ENSEIGNEMENT, CONTRE LA MORALE, CONTRE ISABELLE [sœur de Jacques Rivière] et tout ce qu'elle représentait pour lui. Isabelle, du reste, ignorait à peu près tout de sa vie "privée" et peut-être a-t-elle sincèrement cru inventés de toutes pièces les témoignages des confidents de Jacques et tout ce qui gênait sa construction arbitraire. [Un passage biffé, corrigé en :] "Je ne me pique plus que de deux choses", disait Jacques peu de temps avant sa maladie dernière, "de bien mentir et de bien baiser" Alors, que "à la dernière seconde" le mensonge l'ait soudain saisi d'épouvante, qu'il ait fait un brusque retour, il se peut ; en tout cas il est permis à vous de le supposer, je le répète ; mais l'affirmer... vous ne le pouvez sans imprudence ! J'ai trop grand respect de la religion pour ne point souffrir chaque fois que je la vois recourir à des armes truquées ou douteuses. C'est affaire de simple honnêteté ; oui, d'honnêteté laïque. ET QUAND VOUS PARLEZ, POUR L'OPPOSER AU MONDE DE LA FOI, AU MONDE DE CLAUDEL, D'UN "MONDE DELICIEUX" (QUI SERAIT LE MIEN) OU "TOUT EST PERMIS", JE SURSAUTE. TOUT PERMIS ?... NON ! PRECISEMENT PAS CELA. Il m'étonnerai beaucoup d'être le seul à avoir éprouvé la gêne dont je vous fait part ici – et qui ne m'empêche pas de me sentir sur tant de points si proche de vous et profondément votre ami. [Un passage biffé corrigé en :]. P. scriptum. J[ean] S[chlumberger] s'est amené tandis que j'achevais cette lettre. Je lui ai tendu La Table ronde, qu'il n'avait pas encore reçue. – Mauriac, me dit-il, ne cite pas exactement la phrase de Rivière, telle du moins qu'elle nous fut rapportée aussitôt : "Je suis miraculeusement sauvé". Il y ajoute deux mots qui en précipitent le sens : "Je sais que..." Moi – J'avoue que je ne vois pas bien qu'elle importance tu attaches à ces deux mots... J.S. – Une importance très grande : ils comportent une interprétation mystique qu'il ne nous appartient pas, en toute bonne foi, de leur donner ; que nous ne sommes nullement en droit de supposer que Rivière leur donnait lui-même. Nombre de ses amis les plus intimes estiment qu'il ne faisait allusion alors qu'à la brusque opération, toute physiologique, d'un médicament dont l'efficacité ne s'était pas jusqu'à ce moment fait sentir... Moi – M'autorises-tu à le dire à Mauriac ? J.S. – Je fais plus : je te demande de lui en parler de ma part. »
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