CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand).... - Lot 100 - Osenat

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CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand).... - Lot 100 - Osenat
CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand). Double lettre, autographe signée en deux endroits « Des. », [adressée pour une part à son avocat danois Thorvald Mikkelsen, et pour l'autre à sa propre épouse Lucette Almanzor]. Copenhague, 4 septembre 1946. 2 pp. in-folio sur papier rose réglé avec en-tête imprimé des prisons de Copenhague (« Københavns Fængsler ») et estampille de la « Prison de l'Ouest » (« Vestre Fængsel ») ; marge supérieure un peu déteinte avec infime manque de papier sans atteinte au texte. « Mon cher Maître, vous verrez dans un extrait ci-joint que le ministre André Philip [socialiste, résitant et gaulliste, qui fut 3 fois ministre de l'Économie entre janvier 1946 et octobre 1947] se fait le chaleureux défenseur du droit d'asile, et en quels termes, antiques ! Il s'agit de la Constitution française nouvelle, il s'agit en réalité des rouges espagnols, etc... Mrs Rasmunsen et Charbonnière [le ministre des Affaires étrangères danois, Gustav Rasmussen, et l'ambassadeur de France au Danemark, Guy Girard de Charbonnières] sont-ils du même avis pour ce qui me concerne ? Je ne m'en apperçois guère hélas ! Ce qui est vrai sur les bords de la Seine n'est plus vrai au bord de la Baltique ? M. A. Philip ne pensait pas à moi. L'autre extrait est aussi savoureux, vous verrez que Duclos le président du parti communiste accuse les Gaullistes d'avoir en somme collaboré avec les Allemands pendant la Résistan[c]e – et quelle collaboration ! Où sont les traîtres ! JE ME SENS DE PLUS EN PLUS MARTYR D'UNE INFERNALE MEPRISE ! ET J'ESPERE... VOUS VOIR L'UN DE CES MATINS AVEC ENFIN UNE NOUVELLE DECISIVE ! LA MORT OU LA VIE ! Dans tous les cas toute mon amitié et toute ma reconnaissance. LE CAUCHEMAR OU JE SUIS PLONGE NE ME RENDRA JAMAIS ASSEZ DELIRANT POUR OUBLIER MEME UNE SECONDE VOTRE EXTRAORDINAIRE COURAGE et toute l'admirable part que vous avez prise à nos malheurs. Si je suis livré finalement à la France, ou obligé de me livrer par maladie ou lassitude, CE SERA, JE CROIS, LE PREMIER CAS D'UN ECRIVAIN "LIVRE" DANS L'HISTOIRE. Ce sera le petit succès du ministre Charbonnière, il aura fallu 3000 ans d'histoire et de démocratie triomphale pour introduire grâce à lui ces nouvelles mœurs d'ultime barbarie dans l'ère où nous entrons. Car n'en doutez pas..., en ces matières, c'est le premier pas qui coûte et l'exemple du Danemark fera école, d'autres pays, la Suisse, le Portugal ne tarderont pas à l'imiter. Il faut savoir briser les traditions. Il y faut un certain courage. Du Nord nous viendra encore cette lumière ? Le premier écrivain qui se réfugie au Danemark et le premier livré ! HE ! HE ! MAITRE, ME VOICI SUR LES BRISEES DE MICHEL SERV[ET], MEDECIN LUI-AUSSI, QUE CALVIN FIT ARRETER A LA PORTE DE GENEVE (A ANNEMASSE), ENLEVER ET BRULER. J'ai mon Calvin ! C'est Charbonnière ! (à la mesure de mon importance, évidemment) Brûlerai-je ? Bien aff[ectueusemen]t... » « Mon petit Mimi, je suis bien heureux que tu parviennes à te loger, mais est-ce bien d'accord avec la police ? Je tremble devant ton insouciance, encore ta témérité. DANS L'ETAT EFFROYABLE OU NOUS SOMMES, LA MOINDRE INCONSEQUENCE EST UNE CATASTROPHE. Pas un geste, pas un mot ne nous est permis qui ne soit mille fois considéré, pesé. Surtout à bout de nerfs comme nous sommes. Que tout soit absolument en règle, QUE CELA NE RETOMBE PAS ENCORE SUR NOS PAUVRES AMIS que nous accablons de nos soins. Quel couple maudit nous faisons, tous les deux, de venir ainsi troubler leur repos, leur travail, leurs amitiés ! Nous ne trouverons pas en France, il s'en faut, de pareils concours ! K. EST ADMIRABLE [la danseuse Karen-Marie Jensen, qui s'occupa de faire cacher l'or de Céline et lui permit de se réfugier au Danemark]. Elle me connaît depuis longtemps. Elle se rend compte de mon usure. C'est un fait, hélas ! Je ne suis point vaillant. Et tout le monde est aimable, me facilite les choses. Mais je suis trop touché, trop perclus. Je ne réagis plus bien. K. se rend bien compte. JE L'AIME COMME UNE SŒUR. ELLE ME COMPREND TRES BIEN. BIEN SUR, DE TEMPS EN TEMPS, JE DIVAGUE UN PEU, COMME POPOL, MAIS CELA ELLE SAIT BIEN AUSSI. J'ai bien des excuses à cela. Voilà une semaine entamée. La passe douloureuse est le samedi-dimanche. N'oublie pas, fromage, cassonade, charcuterie, une serviette éponge, c'est tout. Je t'ai trouvée encore bien mince. N'aie plus de souci, mon mignon. Toute la tragédie est épuisée, tu le sais bien, l'abîme lui-même perd son horreur. Il vous ennuie, c'est tout. Rien de plus. Je suis toujours avec toi, c'est déjà une sorte d'infini, alors que peut-il arriver, à présent ? La dégringolade est faite, au plus quelques secondes douloureuses et ce sera le repos. Alors ! Un vieux médecin comme moi ne s'effare plus de ces bêtises. C'est à toi que je pense, Mignon. Plus triste que la mort est de te voir perdre ta mine. Tu sais combien ces choses-là m'affectent, la diminution de vitalité, d'essor, surtout chez toi... petit esp
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