CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand).... - Lot 51 - Osenat

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CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand).... - Lot 51 - Osenat
CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand). Pièce signée « LF Celine » avec quelques corrections autographes, intitulée « Réponses aux accusations formulées contre moi par la justice française au titre de trahison et reproduites par la Police judiciaire danoise au cours de mes interrogatoires ». Prison principale de Copenhague (Vestre Fængsel), 6 novembre 1946. 10 pp. dactylographiées in-folio. Plaidoyer doublé d'un réquisitoire, mêlant réalités et demi-vérités avec autant de sincérité psychologique que de mauvaise foi intellectuelle. Céline traite des différents points qui lui sont reprochés : d'avoir collaboré avec l'Occupant et notamment poussé « à une aggravation de la persécution antisémite », d'avoir eu des relations littéraires avec l'Allemagne, d'avoir été un acteur de la « question juive », de s'être « enfui de Paris au mois d'août 1944 sous la protection des Allemands et d'avoir été traité en Allemagne comme un ami par les Nazis », etc. « [...] J'AI TOUJOURS TROUVÉ L'ACTION POLITIQUE D'ABETZ GROTESQUE ET DÉSASTREUSE ET L'HOMME LUI-MÊME UN FLÉAU DE MÉDIOCRITÉ, UN EMPLÂTRE DE VANITÉ TERRIBLE, UN CLOWN POUR CATACLYSME, COMME SON PATRON ÉTAIT "UN MAGE POUR LE BRAND[E]BOURG". Ce mot a fait fortune et le tour de Paris. On s'imagine nos relations [...]. DÈS L'ARRIVÉE D'HITLER AU POUVOIR TOUS MES ROMANS ONT ÉTÉ INTERDITS EN ALLEMAGNE, et cette interdiction a été strictement maintenue pendant toute la durée du règne nazi [...]. Cependant que sous ce même régime nazi (à mes livres si sévère), bon nombre d'écrivains français, dits antinazis et "résistants", trouvai[e]nt fort bon accueil. Ainsi furent traduits et imprimés , honorés, joués et fêtés en régime nazi : Mauriac, Maurois, Martin Du Gard, Jules Romain etc. Pendant l'Occupation d'autres auteurs français bien connus, tels La Varende, H. Bordeaux, Guitry, Montherlant, Simenon, Giono, Chadourne, Ed. Jaloux, Mac orlan, Pierre Hamp, etc. ont fourni sans cesse une amusante ou grave copie aux journaux de la Collaboration et même aux revues franco-allemandes. Ils se promènent librement à Paris [...] IL PEUT ÊTRE AMUSANT À CE PROPOS DE NOTER QUE MES LIVRES INTERDITS EN ALLEMAGNE ET SOUS VICHY SE TROUVENT AU CONTRAIRE LARGEMENT TRADUITS ET COMMENTÉS DANS TOUS LES PAYS DÉMOCRATIQUES et surtout en Angleterre et aux États-Unis, où mes ouvrages ont fait école. L'écrivain américain [Henry] Miller, dont on parle tant en ces jours, n'étant après tout, et bien d'autres, que mon émule, ou mon élève [...] Tout bien examiné, honnêtement envisagé, sans passion, considérant les circonstances, LES JUIFS DEVRAIENT M'ÉLEVER UNE STATUE POUR LE MAL QUE JE NE LEUR AI PAS FAIT ET QUE J'AURAIS PU LEUR FAIRE.Eux me persécutent, je ne les ai jamais persécutés. Je n'ai point profité de leur faiblesse temporaire, je n'ai pris aucune revanche des outrages sans nombre, mensonges, calomnies féroces par lesquels avant la guerre ils avaient essayé de m'abattre et de me perdre. Je n'ai jamais demandé de persécutions contre personne. LE DÉMOCRATE DANS TOUTE CETTE AFFAIRE, IMPECCABLE, C'EST MOI [...] Les jours que je coule à présent en prison, pour être rigoureux, sont des jours de confort et de facilité à côté de ceux que nous avons vécu, ma femme et moi, en Allemagne. Jamais, je crois, je n'ai été si maltraité de ma vie, même pendant la guerre de 1914, crevant de froid, de fatigue, menacés, espionnés, haïs des habitants, provoqués par deux ou trois polices rivales, travaillant jour et nuit dans des conditions de fièvre et de cauchemar, sous bombardement, hors bombardement, ne dormant positivement plus, invalide et malade [...] ON VEUT, ON CHERCHE DÉSESPÉRÉMENT À ME FAIRE PAYER, EXPIER MES LIVRES D'AVANT GUERRE, MES SUCCÈS DE LITTÉRATURE ET DE POLÉMIQUE D'AVANT-GUERRE. C'est tout. Il semble impossible, inimaginable à mes ennemis (tellement grand en est leur désir), et que je me sois abstenu de toute collaboration. Cette abstention leur paraît monstrueuse, impensable. Il faut, pour leur[s] fins, que j'aie collaboré. À n'importe quel prix ! Ils comptent sur cette "collaboration" pour me faire condamner et exécuter, si ce n'est légalement, par assassinat. Mon éditeur, Robert Denoël, fut assassiné il y a un an, dans la rue à Paris. Je ne parle pas en l'air. Mais JE N'AI PAS "COLLABORÉ", AUSSI EXTRAORDINAIRE QUE CELA PUISSE PARAÎTRE. Il faudra bien que mes ennemis se résignent à reconnaître ce fait. C'est même tout le contraire qui s'est passé. J'ai certainement fait entendre aux Allemands, en Allemagne comme en France, des paroles de critique beaucoup plus sévères, plus justes, plus blessantes que celles qu'ils entendaient d'Alger ou de Londres. Parce que moi j'étais sur place et je connaissais mon sujet. QUANT À LAVAL, À PÉTAIN, J'ÉTAIS LEUR BÊTE NOIRE, ILS NE SONGEAIENT QU'À ME FAIRE ENFERMER. Certes, on aurait pu penser , vu mes livres, que j'allais devenir pour les Allemands le fanatique collaborateur, mais c'est tout le contraire qui s'est passé ! Or, à coups de calomnies, me
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