Un chef-d’œuvre de maturité de Zao Wou-Ki pour la première fois en vente aux enchères

Toutes les toiles de Zao Wou-Ki sont des paysages. Non par choix, mais par évidence : il n’y a jamais de séparation entre les hommes et la nature.

-Dominique de Villepin

Lorsque Zao Wou-Ki expose pour la première fois la composition "5/8/97" à la galerie Thessa Herold en 1997, le peintre d’origine chinoise est déjà entré dans le panthéon de l’art français de la seconde moitié du XXè siècle: célébré par une rétrospective au Grand Palais dès 1981, Zao est nommé officier de l’ordre de la Légion d’honneur en 1984, et il sera élu quelques années plus tard en 2002, à l’Académie des beaux-arts de Paris.

Issu d’une famille éduquée et notable de Pékin, les racines de Zao Wou-Ki remontent à la dynastie Song (entre 960 et 1279 après J.C.). Avec le soutien de sa famille qui tient la peinture en haute estime, Zao est acceptée à l’âge de quinze ans en 1935, à l’École des beaux-arts de Hangzhou. En dehors des influences chinoises, avec notamment le peintre Mi Fu (1051-1107), et le contemporain Lin Fengmian (1900-1991), la France devient rapidement le premier centre d’intérêt de Zao. Il découvre l’art de Cézanne, Matisse et Picasso à travers les cartes postales que son oncle lui rapporte de Paris. Au cours des années 1930-40, Zao s’affranchit du cursus imposé pour se lancer dans la peinture à l’huile sur toile, qui n’est alors pas enseignée en Chine. En 1948, Zao Wou-Ki finit par rejoindre Paris.

Installé dans le quartier de Montparnasse, non loin de l’atelier de Giacometti, son premier professeur à Paris est Othon Friesz à l’Académie de la Grande-Chaumière. Zao côtoie un groupe d’artistes cosmopolites, parmi lesquels figurent les américains Sam Francis, Norman Bluhm et Joan Mitchell, le canadien Jean-Paul Riopelle, la portugaise Maria Helena Vieira da Silva, l’allemand Hans Hartung et le français Pierre Soulage.
Les premières œuvres de Zao à Paris vers 1950 sont figuratives. Lui qui a grandi avec la calligraphie et les codes figés de la peinture chinoise traditionnelle, dont il ressent les limites, voit son inspiration libérée à travers l’éclectisme des œuvres de Chagall, Modigliani, Matisse ou Picasso. L’influence notable de Paul Klee, que le peintre découvre lors d’un voyage en Suisse en 1951, amène progressivement Zao Wou-Ki à l’abstraction à partir de 1953: « Natures mortes et fleurs n’existent plus. Je tends vers une écriture imaginaire, indéchiffrable. »

Au cours des décennies suivantes, la peinture universelle de Zao Wou-ki est l’une de celles qui aura le mieux su fusionner influences occidentales et asiatiques. Il voyage régulièrement de Paris à New York dès 1957, et expose avec les plus grandes galeries de leur temps (Galerie Pierre, France, Kootz, Pierre Matisse), tout en retournant régulièrement en Chine à partir des années 1970. Zao Wou-ki fusionne la délicatesse de l’art calligraphique des rouleaux chinois, que l’on découvre au fur et à mesure, avec la force immédiate et monumentale de la peinture gestuelle à l’huile pratiquée à Paris et aux Etats-Unis. Un mélange de réflexion méditative et de lyrisme poétique que l’on retrouve particulièrement dans la présente composition, qui peinte en 1997, est de fait une synthèse de près de cinquante années de recherches et d’influences diverses.

A partir des années 1990, Zao Wou-Ki entame une subtile réintégration des références au monde visible - ciel, mer, montagnes - dans une démarche qui semble à la fois rendre hommage à l’impressionnisme, à la musique de son ami d’Edgard Varèse (1883-1965), et aux paysages traditionnels chinois. L’utilisation d’un bleu outremer aux nuances profondes devient récurrent chez l’artiste. C’est dans ces tons bleus profonds qu’il rend hommage à Claude Monet en 1991 avec un triptyque monumental (194 x 483 cm.). Et c’est également dans ces contrastes de bleu et blanc que Zao reviendra de façon assumée à la figuration avec la petite barque du triptyque "Le vent pousse la mer" de 2004. La composition "5/8/97" ne manque pas quant à elle d’évoquer les plus audacieux paysages de William Turner.

"5/8/97" est une véritable symphonie de couleurs autour de la déclinaison du mariage du bleu et du blanc, le mariage de la mélancolie et de la pureté, qui emmène l’observateur dans un voyage contemplatif fait de contrastes permanents: clair et obscur, plein et vide, méditation et exaltation, harmonie et énergie. La parfaite maîtrise de la peinture à l’huile, que Zao Wou-Ki pratique à ce stade depuis près de soixante ans, lui permet toutes les audaces: l’utilisation acérée du pinceau et du couteau laisse place à une constellation de tâches, sur un fond de larges camaïeux de bleus et blancs qui donnent à la composition toute sa profondeur.

Dans un entretien avec le critique Michel Ragon en 1994, Zao explique qu’il peint peu - “à peu près huit à neuf tableaux par an”. La pratique de la peinture est une affaire de réflexion intérieure, dont la composition "5/8/97" est le reflet.

Vente aux enchères :
Dimanche 7 juillet 2024
Hôtel des ventes du Château
13 avenue de Saint-Cloud
78000 Versailles

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