FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée... - Lot 133 - Osenat

Lot 133
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FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée... - Lot 133 - Osenat
FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée [à Ivan Tourguéniev]. Paris, « 14 février » [1870]. 2 pp. 3/4 in-8, deux fentes marginales restaurées. « Mon cher ami, vous êtes bien bon de m'indiquer un journal où l'on fait l'éloge de mon malheureux livre ! [Gustave Flaubert avait publié L'Éducation sentimentale en novembre 1869, et Le Messager russe en avait rendu compte]. Car je ne suis pas étouffé sous les roses. Vous m'aviez parlé aussi d'une revue berlinoise ? Je... voudrais en savoir le titre, tout cela p[ou]r Lévy [son éditeur Michel Lévy], bien entendu. Je trouve (je ne vous le cache pas) qu'on a été injuste envers moi. Rien n'est plus sot que de se prétendre incompris. C'est ce que je pense, néanmoins. "Habent sua fata libelli" comme dit Horace [citation latine en fait de Terentianus Maurus, « Les livres ont leur destinée »] – & Prud'homme. LES ETUDES SUR LE BON St ANTOINE (dont vous vous inquiétez) ont été suspendues pendant quinze jours [Gustave Flaubert avait rédigé en 1848-1849 une première version de son récit La Tentation de Saint-Antoine, mais lui fit subir de nombreux remaniements et ne la publia qu'en 1874] passés exclusivement à organiser une représentation à l'Odéon, p[ou]r LE MONUMENT DE BOUILHET. Je suis le président de la commission de souscription, & j'ai dû, à tous les titres, m'occuper de la chose afin d'avoir le plus d'argent possible. Pendant deux semaines, & malgré une forte grippe, j'ai fait des courses dans Paris, sept heures de fiacre, par jour ! Et quel agacement nerveux ! Tout a bien marché, Dieu merci. & c'est fini ! [Gustave Flaubert organisa un spectacle théâtral à l'Odéon le 12 février 1870 pour réunir des fonds destinés à financer l'élévation d'un monument à la mémoire de son ami intime Louis Bouilhet.] On est venu de la part du théâtre de la Gaîté, me demander ma féerie, LE CHATEAU DES CŒURS. Je la lirai dès que j'aurai le larynx débrouillé [Gustave Flaubert écrivit cette pièce que l’on pourrait dire d’avant-garde, partiellement en collaboration avec ses amis Louis Bouilhet et le comte Charles d’Osmoy. Le texte, achevé en octobre 1863, fut refusé systématiquement par les scènes parisiennes, même après des aménagements effectués en 1870. Ce n’est qu'à la fin de sa vie que Gustave Flaubert se résigna à la publication.] Et vous, cher & grand ami, que faites-vous ? Que rêvez-vous ? Qu'écrivez-vous ? Quand vous reviendrez à Paris, faites en sorte d'y rester plus longtemps ! LES MOMENTS QUE J'AI PASSES AVEC VOUS DERNIEREMENT, ONT ETE LES SEULES BONNE HEURES QUE J'AIE EU DEPUIS HUIT MOIS ! VOUS N'IMAGINEZ PAS MA SOLITUDE INTELLECTUELLE ! C'est pourquoi je saute sur vous avec avidité, dès que votre personne se présente. Ma noble patrie devient de plus en plus stupide – la bêtise générale influe sur les individus. Chacun se range, peu à peu, au niveau de tous. Vous me semblez un homme heureux, vous – & je vous porterais envie si je ne vous aimais fortement. Je vous embrasse, Votre Gve Flaubert... » Provenance : collection Viardot (timbre sec).
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