GÉRICAULT (Théodore). Lettre autographe signée... - Lot 32 - Osenat

Lot 32
Aller au lot
Estimation :
8000 - 10000 EUR
Résultats avec frais
Résultat : 18 200EUR
GÉRICAULT (Théodore). Lettre autographe signée... - Lot 32 - Osenat
GÉRICAULT (Théodore). Lettre autographe signée à Pierre-Anne Dedreux. Florence, 16 octobre [1816]. 3 pp. in-folio, adresse au dos. « Mon cher ami, j'aurai sous très peu de jours le plaisir de vous embrasser. Vous êtes le plus près de moi, maintenant que j'ai quitté mes parents et votre cher frère : aussi vous accablerai-je de mon amitié, j'ai un besoin de voir quelqu'un de connaissance que vous devez imaginer. Voilà près d'un mois que je suis séparé de tout le monde. Je n'ai vu depuis ce temps que des indifférents, aussi l'idée de vous joindre me plaît-elle infiniment. NOUS POURRONS PARLER ENSEMBLE DE CE QUE NOUS AVONS LAISSE L'UN ET L'AUTRE, DE NOS PLAISIRS ET DE NOS PEINES, DE LA PATRIE ENFIN CAR ELLE DEVIENT BIEN CHERE QUAND ON EN EST SORTI. NOUS PASSERONS AINSI NOTRE TEMPS ET PUIS EN TRAVAILLANT BEAUCOUP ON ARRIVE PLUS FACILEMENT A L'EPOQUE DU RETOUR. Je pense, mon cher, que vous savez l'italien et que vous pourrez me guider un peu dans l'étude de cette langue, car je veux l'apprendre aussitôt à mon arrivée pour ne plus éprouver le détestable embarras de ne pouvoir me faire entendre des autres et de ne les entendre pas eux-mêmes. Nous étudierons ensemble si vous voulez, ou bien vous m'indiquerez votre maître. Si vous aviez aussi le temps de me chercher une petite chambre bien économique car ce n'est pas en loyer qu'il faut dépenser son argent à Rome. Je vous demande cela parce que vous pourriez peut-être connaître quelque chose qui me conviendrait, soit une pension chez une bonne et honnête famille, soit chez un aubergiste, peu m'importera. Il est peut-être nécessaire aussi d'avoir un atelier. Ayez la bonté de vous occuper un peu de cela comme je le ferais moi-même pour vous, si je vous avais précédé à Rome. Dorcy sera bientôt des nôtres, peut-être viendra-t-il au printemps avec sa sœur. Il m'en a témoigné le plus vif désir. Je l'attendrai, je vous avoue, avec impatience et je l'y engagerai par plusieurs lettres. Je ne vous donne pas ici grandes nouvelles, je préfère vous dire tout cela à vous-même et de vive voix. Quatre jours seulement nous séparent encore, je vais me presser de faire quelques visites ici et puis je m'emballe en voiturier. Rappelez-moi, je vous prie au souvenir de Picot et de Pallière ainsi que celui de Mr Vinchon que je ne connais pas autant mais que j'aime et que j'estime tant par ses qualités et ses bonnes manières que par son talent. Forestier est aussi de ma connaissance et je vous engage à ne pas m'oublier auprès de lui [les peintres François-Édouard Picot, Louis-Vincent-Léon Pallière, Jean-Baptiste Vinchon et Henri-Joseph de Forestier]. Si j'en connaissais encore d'autres dont je ne me souvinsse pas, soyez également mon interprète. J'apporte quelques petits objets pour Mr Thévenin votre directeur [le peintre Charles Thévenin était alors à la tête de l'Académie de France à Rome, à la villa Médicis], et quelques habits pour vous. Apprêtez-vous à faire belle jambe car il m'a semblé voir un fin pantalon collant. Votre mère se porte à ravir, ainsi que vos enfants et leur mère. Mon père vous dit mille choses et se flatte que vous serez mon mentor, mais si j'en crois quelques bruits, j'aurais peut-être plutôt besoin d'être le vôtre. Je promets au reste d'en bien remplir les fonctions et tout ce qui me paraîtra répréhensible, je le blâmerai. Ayez pour moi la même amitié. Tout à vous... » LE SEJOUR ITALIEN : Théodore Géricault avait fait une grande partie de sa formation auprès du maître de l'école néo-classique, Pierre-Narcisse Guérin, d'abord dans l’atelier de celui-ci, dès 1810, puis à l’École des Beaux-Arts de Paris. Malgré un premier succès au Salon de 1812, grâce à un tableau équestre, il échoua au Prix de Rome 1816, mais décida d’assumer seul les frais d’un séjour en Italie, étant désireux de parfaire sa formation au contact des chefs d’œuvres de l’art italien et plus particulièrement de ceux de la Renaissance. Il arriva ainsi à Florence en octobre 1816 puis gagna Rome où il resta près d’une année entière. Il y retrouva Pierre-Anne Dedreux, pensionnaire à la villa Médicis comme architecte, et frère de son ami intime le peintre Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy.
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue