SOUPAULT (Philippe). Manuscrit autographe... - Lot 93 - Osenat

Lot 93
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SOUPAULT (Philippe). Manuscrit autographe... - Lot 93 - Osenat
SOUPAULT (Philippe). Manuscrit autographe intitulé « Les Chants de Maldoror ». 6 ff. in-folio. Texte d'une conférence radiophonique, portant en marge supérieure de la première page, les précisions autographes : « Plaisir de lire. Émissions culturelles. Enregistrement le 5 janvier. » Philippe Soupault relate de quelle manière il découvrit Les Chants de Maldoror, souligne l'importance que cette découverte a revêtu pour lui et ses amis, et en propose ensuite une analyse littéraire. « DÉCOUVRIR UN NOUVEAU MONDE QUAND ON A VINGT ANS. C'EST L'AVENTURE MERVEILLEUSE QUE J'AI VÉCUE. C'ÉTAIT EN 1917 [« 1920 » corrigé postérieurement en « 1917 »]. J'étais couché dans un lit d'hôpital et les médecins, après m'avoir, comme l'on dit, radiographié, affirmaient que j'étais tuberculeux, ce qui, à cette époque, était une condamnation... Malgré ma toux et ma pâleur on me permit de sortir et JE ME PROMENAIS BOULEVARD RASPAIL, ME SOUVENANT DE MES BALLADES AVEC MON AMI GUILLAUME APOLLINAIRE QUI AIMAIT CE QUARTIER DE MONTPARNASSE. Je fus naturellement attiré par les librairies. J'entrais dans l'une d'elles, une de ces librairies anonymes, librairies-papeteries où l'on vend des blocs-notes, des crayons de couleurs et aussi des livres par-dessus le marché. Je "léchais" comme l'on dit les rayons où s'entassaient les publications pour personnes pâles, les romans d'aventures, les livres de cuisine quand tout à coup mes regards furent attirés par un volume de couleur beige pâle. Et je lus ce titre : Les Chants de Maldoror. Je connaissais ce titre. J'avais entendu parler par mon ami, le plus charmant érudit des écrivains, Valery Larbaud, de cet ouvrage réservé jusqu'alors aux lettrés et que ceux-ci rangeaient dans leur musée secret... J'ACHETAIS AUSSITÔT CES CHANTS DE MALDOROR à la libraire, bien étonnée de vendre ce qu'elle considérait dans le langage des libraires comme un rossignol... Je rentrais à l'hôpital et m'étendis sur mon lit. J'ouvris Les Chants de Maldoror et malgré les observations et les objurgations des infirmières, JE LES LUS D'UN BOUT À L'AUTRE. CE FUT UN ÉBLOUISSEMENT, UN VERTIGE. J'avais découvert un monde. Et je pense que cet éblouissement, ce vertige, les premiers lecteurs de la Divine Comédie de Dante durent l'éprouver. Je n'exagère pas en disant que CETTE LECTURE A CHANGÉ LE COURS DE MA VIE ET MODIFIÉ PROFONDÉMENT TOUTE MON ATTITUDE À L'ÉGARD DE LA LITTÉRATURE... Pour moi, comme pour mes amis poètes André BRETON, Louis ARAGON, Paul ÉLUARD et Robert DESNOS, pour ne citer que les plus grands, Les Chants de Maldodor représentent un des sommets de la littérature française à côté des poèmes d'Arthur Rimbaud... Les récits de Lautréamont sont souvent effrayants mais si minutieusement décrits, tous les sens sont si fortement sollicités que le lecteur se croit victime d'une hallucination. QUAND JE LIS... LES CHANTS DE MALDOROR, J'AI LA MÊME IMPRESSION QUE QUAND JE RÊVE. TOUT DEVIENT POSSIBLE, TOUT EST EN QUELQUE SORTE IMPOSÉ PAR LE POÈTE comme s'il était assez génial pour créer des rêves, des cauchemars ou des songes... »
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