MONTESQUIEU (Charles de Secondat de). Lettre... - Lot 84 - Osenat

Lot 84
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MONTESQUIEU (Charles de Secondat de). Lettre... - Lot 84 - Osenat
MONTESQUIEU (Charles de Secondat de). Lettre autographe [à François Bulkeley]. Paris, 19 juin 1737. 3 pp. 1/4 in-4. « ... Il est aujourd'hui le 19 juin et nous mourons de froit icy. Je vay faire faire du feu à la honte de la Providence... JE SOUPAY AVANT-HIER CHEZ MONSIEUR LE PRINCE DE CONTY... Nous vous voulions touts à ce souper qui par parentèse fut un des plus longs que j'aye fait de ma vie et il me paroît que le prince cherche à donner une terrible extention à ses plaisirs. LE FEU GARDE DES SCEAUX EST ARRIVÉ À BOURGES [GERMAIN-LOUIS CHAUVELIN, disgracié par Louis XV], il est allé d'abord à pied chés le petit [Denis] Dodart son intendant et son maître pour luy faire voir qu'il avoit obéi aux ordres du roy. On dit tant de choses sur la nouvelle disgrâce que je ne sçay qu'en croire. Il a esté également accablé par ses ennemis et par ses amis qui, ne pouvant renoncer aux espérances qu'ils avoient conçeues de sa faveur vouloient à toute force le faire regrimper. JE VOUS AVOUE QUE CETTE TESTE-LÀ NE ME PAROÎT AVOIR ESTÉ BONNE NY DANS LA PROSPÉRITÉ NY DANS L'ADVERSITÉ, ce qui prouve qu'elle n'estoit pas même bonne lorsqu'il n'avoit encore rien eu à démesler avec la fortune. Je ne suis point de votre avis de leur Grosbois [château du marquis de Chauvelin, dans l'actuel département du Val-de-Marne]. L'air y est chargé de corpuscules qui ne portent point la joie. Nous y gagnerions le spleen [probablement le premier emploi du terme dans cette acception en français, non recensé dans le Tlf] Il évoque également les amours de Lady Mary Wortley Montagu, femme d'esprit à la vie aventureuse, parle de l'affection qu'il porte à la marquise de Renel mourante, fille du maréchal de Berwick et donc petite-fille de Jacques II , il ironise ensuite sur le procès intenté par la duchesse de Modène au duc d'Orléans pour des raisons financières. GRAND AMI DE MONTESQUIEU, FRANÇOIS BULKELEY (1686-1756) était le fils d'un dignitaire de la Cour de Jacques II d'Angleterre. Il fit une carrière militaire au service de France, d'abord sous les ordres de son beau-frère le maréchal-duc de Berwick, avant de diriger un régiment à son propre nom et d'atteindre le grade de lieutenant-général en 1738. Il fut un des grands amis et correspondants de Montesquieu, qui l'avait rencontré au début des années 1720 et appréciait grandement son esprit et ses talents d'écriture. François Bulkeley avait épousé la veuve de l'économiste Richard Cantillon.
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