JOUBERT ( Joseph). Lettre autographe signée... - Lot 76 - Osenat

Lot 76
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JOUBERT ( Joseph). Lettre autographe signée... - Lot 76 - Osenat
JOUBERT ( Joseph). Lettre autographe signée à Pauline de Mailly-Nesles, comtesse de Vintimille du Luc. Issy, 8 août [1806]. 7 pp. grand in-8 sur 2 bifeuillets avec adresse au verso du dernier, traces d'onglet avec atteinte à plusieurs mots sans entraver la lecture. EXTRAORDINAIRE LETTRE RELATANT LE DÉPART DE CHATEAUBRIAND POUR L'ORIENT. Le moraliste Joseph Joubert, disciple de Diderot, fut un grand ami de Louis de Fontanes et de François-René de Chateaubriand, lequel éditerait une anthologie de ses manuscrits. « ... Il eut besoin sans doute de beaucoup d'adresse pour distribuer ce surcroît d'équipage dans sa voiture déjà pleine et surtout pour l'y cacher aux yeux très pénétrans de Mme de Ch[ateaubriand] qui lui avoit déclaré l'avant-veille en ma présence qu'en voyage elle aimeroit mieux voir un brigand qu'un pistolet. Tous ces arrangemens finis, les chevaux arrivèrent et on partit. IL AVOIT POUR VOITURE UNE GROSSE, GRANDE ET BELLE DORMEUSE, c'est son bâton de voyageur. Cette dormeuse en emportant sa femme et lui sur le derrière, une énorme femme de chambre sur le devant, ET SUR LE SIÈGE LE FRÈRE DE SA CUISINIÈRE, QU'IL EMMÈNE À CONSTANTINOPLE, et que par une bizarrerie dont assurément il rira pendant toute la route, il s'est avisé d'habiller comme un icoglan. Il faut vous dire que cet icoglan, qui est d'ailleurs un brave garçon, a au moins ses quarante-six ans et la peau d'un rôti brûlé. OR IL L'A AFFUBLÉ D'UNE ESPÈCE DE TURBAN BLEU ORNÉ DE GALONS D'OR, PETITE VESTE ET PANTALONS DE MÊME COULEUR. IL A OUBLIÉ LES MOUSTACHES... [ Joseph Joubert relate comment une arme qui se déchargea mit le feu à la voiture, que la femme de Chateaubriand s'en était évanouie de frayeur et que tout le monde s'enfuit sauf Chateaubriand qui eut le courage d'aller récupérer la réserve de poudre qu'il y avait entreposée.] Mais après de telles nouvelles nous avons délibéré et conclu, Mme de Coaslin [Marie-Anne de Mailly-Rubempré, marquise de Coislin] et moi, 1° que nous garderions le secret sur ces imprudences, 2° que nous chercherions partout un homme capable de faire ses livres, capable de nous plaire et de se faire aimer de nous comme lui, 3° que si nous trouvions un tel homme, nous lui interdirions à lui tout commerce avec nous et toute administration de son propre talent, enfin, IL NOUS FAUT UN CHATEAUBRIAND PLUS SAGE. Voyez si vous en connoîtrier quelqu'un. Nous nous brouillerons volontiers avec celui-ci si vous pouvez nous en fournir un autre, et nous vous conseillerons volontiers [d'en] faire autant, mais J'AI GRAND PEUR QUE CETTE TÊTE FOLLE N'APPARTIENNE À UN HOMME UNIQUE ET QU'À TOUT PRENDRE NOUS NE SOYONS ÉTERNELLEMENT CONDAMNÉS À L'AIMER TEL QU'IL EST, CONSTAMMENT ET À LA FUREUR, QUOIQU'AVEC FUREUR... Sa 3me lettre est d'un sage, elle est écrite de Milan... Il est prêt à pleurer (dit-il) quand il songe qu'il ne pourra seulement pas avoir de nos nouvelles, il reconnoît qu'on est bien insensé, et même bien coupable de s'éloigner ainsi volontairement de ceux qu'on aime et dont on est aimé, et pourquoi (ajoute-t-il), et pour aller où, il n'en sçait rien, &c. Enfin il se montre là ce qu'il est si souvent, le meilleur et le plus aimable enfant du monde... » Joseph Joubert fait ensuite une critique sévère sur le fond mais délicate dans la forme du goût de madame de Vintimille pour les romans de Sophie Cottin.
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