FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée... - Lot 64 - Osenat

Lot 64
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FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée... - Lot 64 - Osenat
FLAUBERT (Gustave). Lettre autographe signée [à Charles-Edmond Chojecki]. [Paris], « mardi » [26 août 1873]. 2 pp. 1/2 in-8, sur 2 ff. dont un rogné plus court et l'autre avec trace marginale d'onglet, fentes aux pliures, pâles taches. « Je regrette que vous ne puissiez faire avec moi ce petit voyage à Villeneuve. JE M'EMBÊTE TELLEMENT EN CHEMIN DE FER QU'AU BOUT DE CINQ MINUTES J'Y HURLE D'ENNUI. ON CROIT DANS LES AUTRES WAGONS QUE C'EST UN CHIEN OUBLIÉ. Pas du tout ! C'est Monsieur Flaubert qui soupire ! Voilà p[our]quoi je désirais votre compagnie, mon cher vieux. Cela dit – passons (style Hugo). J'enverrai votre lettre à m[adam]e Régnier [la femme de lettres Marie Régnier] – et je ne doute pas que dans son envie d'être imprimée elle ne cède à vos exhortations. Mais si elle me demande là-dessus mon avis, je lui conseillerai de vous envoyer promener carrément – (en admettant même que vous ayez raison) – oui mon bon ! – & cela, par système, entêtement, orgueil, et uniquement p[ou]r soutenir les principes ! AH ! QUE J'AI RAISON DE NE PAS ÉCRIRE DANS LES JOURNAUX, & QUELS FUNESTES ÉTABLISSEMENTS ! LA MANIE QU'ILS ONT DE CORRIGER LES M[ANUSCRIT]S QU'ON LEUR APPORTE FINIT PAR DONNER À TOUTES LES ŒUVRES, QUELLES QU'ELLES SOIENT, LA MÊME ABSENCE D'ORIGINALITÉ. S'il se publie cinq romans par an dans un journal – comme ces cinq romans sont corrigés par un seul homme ou par un comité ayant le même esprit, il en résulte cinq livres pareils. Exemple : le style de la Revue des Deux Mondes. TOURGUENEFF M'A DIT DERNIÈREMENT QUE BULOZ LUI AVAIT RETRANCHÉ Q[UEL]QUE CHOSE DANS SA DERNIÈRE NOUVELLE. Par cela seul, Tourgueneff a déchu dans mon estime. Il aurait dû jeter son m[anus]s[crit] au nez de Buloz [François Buloz, directeur de la Revue des deux mondes], avec une paire de giffles en sus & un crachat comme dessert. — M[ADAM]E SAND AUSSI SE LAISSE CONSEILLER ET ROGNER , j'ai vu Chilly [Charles Marie de Chilly, directeur du théâtre de l'Odéon] lui ouvrir des horizons esthétiques et elle s'y précipitait. – Nom de Dieu ! — IL EN ÉTAIT DE MÊME P[OU]R THÉO [THÉOPHILE GAUTIER], AU MONITEUR, du temps de [ Julien] Turgan ! Etc. – Eh bien ! De la part de pareils génies, je trouve que cette condescendance touche à l'improbité. – Car : du moment que vous offrez une œuvre, si vous n'êtes pas un coquin, c'est que vous la trouvez bonne. Vous avez dû faire tous vos efforts, y mettre toute votre âme. UNE INDIVIDUALITÉ NE SE SUBSTITUE PAS À UNE AUTRE. IL EST CERTAIN QUE CHATEAUBRIAND AURAIT GÂTÉ UN M[ANU]S[CRIT] DE VOLTAIRE ET QUE MÉRIMÉE N'AURAIT PU CORRIGER BALZAC. – Un livre est un organisme. Or, toute amputation, tout changement pratiqué par un tiers le dénature. Il pourra être moins mauvais, n'importe, cela ne sera plus lui. L'élucubration de m[adam]e Régnier n'est pas en cause. Mais je vous assure, mon bon, que vous êtes sur une pente et que vous autres journaux, vous contribuez, par là encore, à l'abaissement des caractères et à la dégradation, chaque jour plus g[ran]de, des choses intellectuelles. JE VOUS MONTRERAI LE M[ANU]S[CRIT] DE LA BOVARY, ORNÉ DES CORRECTIONS DE LA REVUE DE PARIS. C'est curieux – on m'objectait, p[ou]r me calmer, l'exemple d'Arnould Fremy et d'Ed[mond] Delessert, lesquels avaient été plus doux, plus raisonnables. – Bref, NOUS NOUS SOMMES SI BIEN FÂCHÉS QUE MON PROCÈS EN EST SORTI. Ces messieurs avaient tort, et p[our]tant quels malins, [Léon] Laurent-Pichat, ce bon [Maxime] Du Camp [directeurs de la IRevue de Paris]... Là-dessus, mon vieux, je vous bécotte... » Provenance : ancienne collection colonel Sickles.
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