CAMUS (Albert). Lettre autographe signée... - Lot 48 - Osenat

Lot 48
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CAMUS (Albert). Lettre autographe signée... - Lot 48 - Osenat
CAMUS (Albert). Lettre autographe signée à Brice Parain. [Saint-Jorioz en Haute-Savoie], 16 septembre [1950]. 3 pp. in-folio, fines mouillures marginales. « J'AI TERMINÉ LA MORT DE SOCRATE [roman de Brice Parain, qui venait de paraître à la Nrf ]. Vous êtes arrivé dans cet apologue (cette parabole plutôt) à dire clairement et avec un minimum de moyens ce que vous avez à dire. Et le livre n'est pas décourageant comme je le pensais. Il est un peu comme vous : évident. Socrate n'est pas triste. Ce qu'il dit l'est. Et généralement c'est sa personne, son sang, ce qu'il a de vivant et d'élémentaire qui s'élève au-dessus de la tristesse de ce qu'il dit... – p. 18. 2e partie. "AIMER C'EST NE PAS SAVOIR..." SI NATURELLEMENT ET PROFONDÉMENT VRAI QUE J'AI ARRÊTÉ LA LECTURE PENDANT UN JOUR APRÈS AVOIR LU CE PASSAGE. – p. 39. 2e partie. On comprend que Jérôme aime une autre femme que la sienne et que cette dernière l'admet. Mais il faudrait le dire plus clairement. C'est à peine allusif. – p. 53. 2e partie. À ma connaissance la gestapo ne s'annonçait pas, quand elle arrêtait quelqu'un. "Les mains en l'air" suffiraient... Vous me pardonnerez ces remarques peut-être inutiles. Mais vous en ferez ce que vous voudrez. Ce n'est pas important, d'ailleurs. L'important est dans ce que vous dites. Et VOUS AVEZ MIS LE DOIGT SANS LA NOMMER SUR UNE PLAIE DE L'ÉPOQUE : LA PEUR D'AIMER. ON N'AIME PAS JUSQU'AU BOUT, PAR PEUR DES CATASTROPHES. Vous, vous dites qu'il faut s'enfermer dans l'amour, et aller jusqu'au bout sans s'interroger sur ce qui viendra, et quand cela est venu, mourir s'il le faut ou renaître. Vous avez raison. Mais c'est la chose la plus difficile du monde. NOUS SOMMES VIEUX AVANT D'AVOIR ÉTÉ JEUNES et ce que vous demandez suppose un cœur d'enfant, ou du moins une innocence. Regardez donc dans le métro la gueule de nos contemporains : gueules de coupables et d'accusés. Mais il n'empêche que le vrai reste le vrai et qu'il faut le dire, comme vous l'avez dit, ni plus ni moins, fut-ce au milieu des sourds, jusqu'à ce qu'une oreille s'ouvre. Je rentre la semaine prochaine. J'ESSAIE DE REPRENDRE ICI DES FORCES, LE GOÛT AU TRAVAIL ET PEUT-ÊTRE AUSSI À LA VIE, choses qui m'ont quitté depuis mon départ de Provence. Mais je suppose que je vais me réveiller... »
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