Rosa Bonheur est née en 1822 et décédée en 1899. Très en avance sur son temps, elle s'est émancipée à une époque où les hommes étaient majoritaires dans la peinture, et à fortiori dans la peinture animalière.
Rosa Bonheur est la seule femme qui ait marqué l'univers de l'art animalier. Au 19ème siècle, être une femme artiste, n'était pas chose évidente, et encore moins lorsqu'il s'agissait d'aller peindre des "sujets d'hommes" dans des milieux, de fait, très masculins.
Juliette, sa sœur a elle aussi emprunté cette voie, mais a rapidement été éclipsée par Rosa. Nous présentons d'ailleurs dans cette vente une "Étude de vache" de sa main.
Comment rêver plus beau compliment ?
Du succès à l'oubli
Son talent déjà reconnu alors qu'elle avait à peine 15 ans, Rosa Bonheur expose au Salon dès l'âge de 19 ans. Elle y gagne un prix lui permettant de recevoir une commande de l'Etat. Ce sera "Le labourage nivernais".
Encore plus haut sur le chemin du succès, un événement majeur pour sa carrière se produit en 1853, tandis qu'elle présente au Salon, "Le marché aux chevaux", une immense toile qui lui aura demandé 18 mois de travail à raison de deux visites hebdomadaires au marché aux chevaux de Paris. La vente de cette toile, pour la somme de 40 000 Francs, lui permettra d'acquérir le Château de By à Thomery, et d'y installer son atelier.
Rosa BONHEUR (1822-1899)
Le Marché aux Chevaux
Collections du Metropolitan Museum of Arts
Dès lors, elle n'aura plus jamais besoin d'exposer au Salon, toutes ses toiles étant vendues à l'avance, avec un carnet de commandes qui ne désemplira pas.
Après sa mort, en 1899, sa popularité entamera alors un long déclin, jusqu'à faire disparaître Rosa Bonheur de l'histoire de l'artt telle qu'elle est enseignée aujourd'hui : absente des cours de la Sorbonne et même des cycles sur la peinture animalière dispensés à l'Ecole du Louvre.
Cette mise à l'écart est d'autant plus étonnante que ses travaux d'étude du corps animal, dans l'obsession du détail, ont permis à la science de faire d'énormes progrès en ce domaine. Rosa Bonheur allait jusqu'à étudier l'ossature et la musculature des animaux sur leurs carcasses...
Les galeries d’art ne défendent pas particulièrement son œuvre. Ce sont les associations qui ont endossé ce rôle, comme notamment
"L'association des amis de Rosa Bonheur", avec des artistes contemporains qui essaient de faire revivre un peu cette peinture animalière, à l'instar de
Thibaut Dapoigny, que nous avons exposé à Fontainebleau lors de notre vente du 17 mars dernier.
Finalement peu de ses œuvres figurent dans les collections publiques. Sa plus grande toile "Le Marché aux chevaux" est au MET à New York.
On peut citer pour les œuvres les plus connues "Le labourage nivernais", dans les collections du Musée d'Orsay et "La Fenaison en Auvergne", au Musée national du Château de Fontainebleau. C'est d'ailleurs une étude pour "La Fenaison en Auvergne" que nous présentons en vente dimanche 30 juin.
Rosa BONHEUR
Étude pour La Fenaison en Auvergne
Lot n° 133 de la vente du 30 juin 2019
Crayon noir et aquarelle, signé en bas à gauche, 20 x 34 cm
Une œuvre rare sur le marché français
Peu d'œuvres de Rosa Bonheur se présentent en ventes publiques sur le marché français et lorsque cela se produit, il s'agit principalement de dessins. Beaucoup de dessins se trouvent d'ailleurs encore dans le grenier du château.
N'ayant pas d'héritier, elle avait désigné son amie Anna Klumpke comme sa légataire universelle. Une vente aux enchères a été organisée dans les années 1910-1912.
Il est très probable qu'une grande partie de ses œuvres soit partie aux Etats-Unis car Rosa Bonheur est absolument adorée des américains. Elle y était déjà très populaire de son vivant, du fait de son amitié avec Buffalo Bill et de sa prise de position pour préserver les populations d'indiens. Pour la petite histoire, le véritable costume de Buffalo Bill est au château de Rosa Bonheur et des américains viennent encore aujourd'hui à Thomery pour le voir.
Enfin, "l'oubli" de Rosa Bonheur laisse certainement des œuvres "non identifiées"dans de nombreuses familles, ignorant l'importance du tableau ou du dessin mis de côté dans un grenier.
Sur le chemin de la reconnaissance...
Après avoir été longtemps en vente, le Château de By a été racheté par Katherine Brault qui a fait totalement renaître ce lieu, à la fois demeure et atelier de l'artiste.
"Le Château de Rosa Bonheur" est devenu un musée qui propose des visites guidées sur rendez-vous. L'atelier y est conservé comme si elle l'avait quitté il y a cinq minutes à peine...
Enfin "Le Château de Rosa Bonheur" figure sur la liste des 18 "sites emblématiques", choisis par la Fondation du Patrimoine, présidée par Stéphane Bern pour le
Loto du Patrimoine.
À la rencontre de Rosa Bonheur en vidéo
avec Caroline Cuny, Directrice du département "L'Esprit du XIXème siècle"
En savoir plus sur les lots cités dans cet article
LOT n°133 Rosa BONHEUR (1822-1899) Etude pour La Fenaison en Auvergne Crayon noir et aquarelle Signé en bas à gauche Provenance au dos et daté 4 février 1863 20 x 34 cm Black crayon and watercolour, signed lower… Fiche détaillée | | |
LOT n°134 Juliette PEYROL BONHEUR (1839-1891) Etude de vache Huile sur toile Signé en bas à droite 24 x 33 cm Cachet de la vente de l'atelier au dos. Oil on canvas, signed lower right, 9 7/16 x 13 in Juliette… Fiche détaillée | | |
L'esprit du XIXe siècle dimanche 30 juin 2019 14:00 Fontainebleau, 9-11, rue Royale 77300 Fontainebleau
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