DELACROIX (Eugène). Lettre autographe signée... - Lot 5 - Osenat

DELACROIX (Eugène). Lettre autographe signée À STENDHAL. Paris, [lundi]-« mardi », [18-19 décembre 1837 [cachet de la poste un peu effacé apparemment du jeudi 21 décembre 1837]. 2 pp. 3/4 in-8, adresse au dos (« Monsieur Beyle, rue Caumartin n° 8 »). « VOTRE LETTRE M'A FAIT BIEN PLAISIR. Je voudrais pouvoir la commenter avec vous dans mon intérêt. Dans tous les cas, PUISSIEZ-VOUS EN RECEVOIR DE PAREILLES DE GENS QUE VOUS AIMIEZ ET ESTIMIEZ DANS LES MOMENTS DE DÉCOURAGEMENT où on se met au-dessous d'un portier ou d'un membre de l'Institut. Je n'avais pas oublié votre adresse et je vous aurais envoyé un mot pour entrer à mon salon [Eugène Delacroix travailla à partir de 1833 aux peintures du Salon du roi du Palais Bourbon, et les acheva pour le samedi 16 décembre 1837, date de l'ouverture de la session parlementaire de décembre 1837-février 1838]. Quel dommage qu'on ne se rencontre plus ! Le jour c'est impossible. LE MOINDRE ÊTRE HUMAIN DANS MON ATELIER ME DÉCONCERTE POUR LA JOURNÉE. Vous autres qui pouvez travailler la nuit, vous êtes bien heureux. Adieu, cher consul, à vous bien bien vraiment... Le mardi. À propos, je rouvre ma lettre. On forme les projets parmi quelques artistes d'élever un modeste tombeau à GÉRICAULT QUI EST AVEC GROS LE PLUS GRAND PEINTRE QUE LA FRANCE AIT PRODUIT DEPUIS LE POUSSIN. Il y a 14 ans que l'herbe pousse sur 4 pieds de terre qui recouvrent ses os vénérables , son nom n'y est pas même écrit sur la plus petite pierre. Parlez-en à autant de gens que vous pourrez, surtout à ceux qui sont faits pour admirer avec plus de chaleur que les autres LES GRANDES NATURES MÉCONNUES QUE LE SIÈCLE ÉTRANGLE NON CONTENT DE LES MÉCONNAÎTRE... » À la fin des années 1820, Delacroix noua une forte amitié avec Stendhal, fondée sur une admiration mutuelle. S'il fut parfois irrité par l'écrivain, Delacroix lui reconnaissait du génie, et les idées esthétiques exposées notamment dans l'Histoire de la penture en Italie demeurèrent pour lui un texte capital – il s'appuya d'ailleurs sur Stendhal pour ses propres écrits théoriques. De son côté, Stendhal se montra d'abord critique de l'art de Delacroix, par exemple en 1824 quand il évoqua les Massacres de Scio, réprouvant « l'exagération du triste et du sombre », mais il lui reconnut « le sentiment de la couleur », et développa une admiration sincère pour le courage de ce peintre qui « ose être lui-même »., comme il l'écrivit dans Des Beaux-Arts et du caractère français. JOINT, une pièce autographe signée. S.l.n.d. « Bon pour voir le Salon du roi... Le matin avant 11 h[eu]res ou le dimanche. » (3/4 p. in12). Une note postérieure au crayon indique qu'il a été « adressé à Beyle ». Provenance : ancienne collection Jacques Guérin.